mercredi 14 janvier 2015


Assuggas yennumar



Le M.A.C présente à ses militants, ces sympatisants, à tous les chawis en particuliers, et les amazigh en général, ses meilleurs vœux pour l’année qui vient. Dans ce monde tourmenté et tragique qu’est le Pays chawi, ou règne le chaos, l’injustice et la résignation ; le combat pour la dignité, l’espoir et la justice ne doit pas cesser. Parce que la vie est belle malgré tout. Nous vous invitons à lire le texte qui suit, contribution de Takfuth, militant du MAC.



« Netch dh chawi

Ce jour nous rappelle qui nous somme, et d’où nous venons.
Nous sommes ancrés dans cette terre depuis la nuit des temps.
Peu importe les peuples qui sont venus nous rendre visite et qui se sont installé, ils se sont fondus dans la masse berbère, nous avons échangés, ils ont partagé et se sont dilués, ou bien ils se sont évaporés en silence, sans faire de bruit et paisiblement.
Mais nous, nous continuons à naviguer dans le temps, dans ces flots tumultueux qui partagent la même teinte que l’immensité du ciel.

Même ces orientaux, qui sont venu le sabre à la main, avec fracas et violence piétiner et violer les corps de nos ancêtres, nous les avons avalés.

L’histoire, l’archéologie, l’anthropologie et l’ethnologie, et même la génétique l’attestent, nous sommes d’ici, du plus profond des âges, aussi loin que remonte la présence des femmes et des hommes dans ces contrés. Nous sommes de ces montagnes, de ces plaines, de ce désert immense comme des ces forêts verdoyantes, ou des ces rivières qui parcourent les rides de la terre.

Alors n’oublions pas les rites, ceux qui restent, ceux qui survivent tant bien que mal grâce à l’oralité et malgré l’assaut des imams. Ces rites qui demeurent, envers et contre tous. Malgré les coups de marteaux des oulémas de Ben Badis ou des discours de Messali Hadj, pour qui sur notre terre avant l’islam, il n’y avait rien, et surtout pas d’histoire.

Ces rites, ces fragments de mémoires, sont si fragiles et si précieux, ils ont traversés plus de 3000 ans d’histoire et d’attaques, ils sont comme ces peintures rupestres ou le mausolée  Imedhghassen, ils sont vivants, mais peuvent être balayés par une fetwa, un décret ministériel ou tout simplement par notre mémoire par ignorance, manque de volonté ou bien par désespoir.
Ces rites sont emprunts d’une spiritualité profonde, d’un sens qui se perd dans le temps, ils sont la mémoire qui nous arrime à la terre comme à la roche des montagnes ou au sable du Sahara. Ce n’est pas du folklore.
Célébrons ces vieilles femmes tatouées, leurs visages et leurs rides.
Sur leurs peaux, au plus profond de leurs chaires, est marqué à l’encre indélébile notre histoire.

Ces femmes sont nos machines à voyager dans le temps, et bientôt, elles ne seront plus. Il est urgent de recueillir leurs souvenirs, leurs contes, leurs pratiques, leurs superstitions. Il est primordial de cueillir de leurs lèvres leurs liens aux sacrés, et d’en faire la source d’une sagesse retrouvée qui nous est propre.

Résistons, même dans l’intime, et surtout dans l’intime.
Il n’y pas que dans la lumière où nous devons nous dresser face au présent, mais la pénombre aussi est notre demeure ; nous devons nous affirmer en ces lieux de l’intimité que sont la famille, le foyer, le cercle amicale, l’ami qui vient d’ailleurs et l’étranger qui a du mal à saisir ce que nous sommes.
La lumière (la place publique) et l’obscurité (l’intimité) sont une même pièce, il faut converser avec les deux.

C’est notre survie qui est en jeu, et face à nous, dans le miroir, c’est la mort qui pointe son doigt. Dans cette pièce de théâtre qu’est la vie, nous devons tenir le premier rôle, ne plus être celui qui accepte, se soumet ou oublie, ne plus être un figurant de l’histoire, mais celui qui se lève et impose, avec douceur et poésie, ou bien avec fracas et fureur.

Alors debout !

                                                                                                            Tafukth »